Robert Oppenheimer était un physicien américain. Dès son plus jeune âge, il se révèle être un génie dans de nombreux domaines comme la physique, les mathématiques ou encore les langues. C’est durant la Seconde Guerre mondiale qu’il deviendra une figure incontournable. Placé à la tête du site ultra-secret de Los Alamos, il crée la bombe atomique laissant une trace sans précédent dans l’Histoire de l’humanité. Pour comprendre le complexe personnage de Robert Oppenheimer, Études Tech te retrace, dans cet article, tout ce que tu dois savoir sur la carrière de l’illustre scientifique.
Robert Oppenheimer, un génie dès son plus jeune âge
Julius Robert Oppenheimer naît le 22 avril 1904 à New York. Il descend d’une famille d’immigrés juifs, qui a fait fortune grâce au commerce du textile. Alors que sa famille fait tout que pour que les enfants Oppenheimer reçoivent la meilleure éducation, le plus brillant de cette fratrie de six frères et sœurs est bien évidemment, le jeune Robert. À l’âge de trois ans, il est capable de lire l’anglais et l’allemand, ce qui démontre déjà une infime partie de son génie. À l’âge de neuf ans, il est capable de comprendre la philosophie en grec et en latin. Tu t’en doutes, à l’école, Robert Oppenheimer n’a pas de difficulté, il saute plusieurs classes et obtient son bac spécialité chimie à seulement 17 ans.
Il poursuit ses études à Harvard où il se passionne pour divers domaines comme le français, la philosophie et la chimie, tous des domaines dans lesquels il excelle. Tout comme une certaine Katherine Johnson à la même époque, Robert Oppenheimer est trop intelligent pour les cours qui lui sont dispensés. Par conséquent, il bénéficie d’un aménagement spécial afin qu’il puisse mettre, un minimum ses capacités à l’épreuve. Il obtient sans difficulté son diplôme avec la mention Summa Cum Laude qui correspond à la plus grande mention possible.
Un passage compliqué en Angleterre
Pour poursuivre ses études, Robert Oppenheimer traverse l’Atlantique et part étudier en Angleterre, à Cambridge. Là-bas, il se retrouve à effectuer des travaux pratiques en laboratoire. Malgré son talent indéniable pour les études, il constate très vite que cette discipline n’est pas fait pour lui. Pour la petite anecdote, il a même frôlé la catastrophe lorsqu’il a laissé traîner une pomme empoisonnée dans une de ses salles de classe. Celle-ci a failli être mangée par son tuteur…
De manière générale, Robert Oppenheimer n’apprécie pas du tout son passage à Cambridge, si bien qu’il envisage le suicide. Cette information ne t’évoque peut-être rien, mais pour bien comprendre le rôle stratégique du personnage, il est important de garder en tête que si Robert Oppenheimer était mort sous le climat maussade britannique, le destin de l’humanité aurait été très différent, pour le meilleur comme pour le pire.
C’est lors d’un voyage en Corse avec ses amis, que Robert Oppenheimer parvient à vaincre son mal-être. Il n’a jamais dévoilé les raisons de ce changement, mais il a fortement sous-entendu qu’il y avait eu un événement pendant ses vacances qui a bouleversé sa vision du monde. Là-bas, il s’adonne à la lecture pour se changer les idées, avant de rentrer en Angleterre puis en Allemagne. En 1926, Robert Oppenheimer commence à s’intéresser de près à la physique.
Lire aussi : L’histoire du prix Turing, le prix Nobel de l’informatique
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale
Les premières recherches sur le nucléaire
Robert Oppenheimer décide de rentrer aux États-Unis, dans un premier temps à Harvard puis il part enseigner du côté de l’université de Berkeley en Californie. Il publie de nombreux articles scientifiques, dont l’approximation de Born-Oppenheimer qui sépare le mouvement nucléaire du mouvement électronique dans les traitements mathématiques des molécules. Plus largement, il mène des expériences sur les rayons cosmiques de la désintégration nucléaire. Pour pouvoir parler de physique avec des personnes aussi passionnées que lui, il crée un département spécialisé pour parler de ses expériences, de ses raisonnements et des problèmes auxquels il fait face afin qu’il puisse avoir des solutions pour les élucider.
La peur de la bombe nucléaire allemande
Dans les années 30, le nazisme progresse en Allemagne, avec toutes les conséquences que l’on connaît aujourd’hui. Robert Oppenheimer aide les scientifiques allemands à fuir leur pays et à se réfugier aux États-Unis. Dans le même temps, il s’essaie à la politique, notamment en militant pour les droits civiques et en soutenant diverses réformes sociales. Robert Oppenheimer s’ancre assez bien chez les communismes et cette appartenance va lui faire défaut plus tard, voire lui coûter sa carrière.
Grand solitaire dans l’âme, son voyage en France va fortement influencer sa vision des choses. Après la mort de son père en 1937, Robert Oppenheimer décide de léguer son héritage à l’université de Berkeley dans le but de financer des bourses d’études. En 1940, il se marie avec Katherine « Kitty » Harrison. Elle viendra d’ailleurs le rejoindre avec toute sa famille sur le camp de Los Alamos où elle y travaillera en tant que phlébotomiste et effectuera des recherches sur le danger des radiations. Avant d’en arriver au camp de Los Alamos, la Seconde Guerre mondiale débute avec l’invasion de la Pologne par l’armée allemande. Très vite, le risque de menace nucléaire apparaît. En effet, Albert Einstein fait parvenir au gouvernement américain, une lettre dans laquelle, il raconte que le Reich travaille à l’élaboration d’une bombe nucléaire. Cette idée a fait son bout de chemin depuis que le physicien allemand Otto Hahn a découvert que si l’on bombardait un noyau d’uranium avec des neutrons, il était possible de le casser en deux. De plus, grâce à la célèbre formule E=MC2 d’Albert Einstein, il découvre que l’uranium perd en masse en se fissurant et les deux nouveaux atomes résultant de cette fissure sont plus légers. Cependant, dans la nature, la matière ne peut disparaître sans laisser de traces. Donc une question se pose : Où est passée la masse manquante d’uranium ? Durant la fission de l’uranium, la masse qui disparaît se transforme en chaleur capable de produire une explosion. C’est de cette manière qu’est découvert la fission nucléaire.
Pour compléter les travaux d’Otto Hahn, d’autres découvertes ont lieu comme celles du français Frédéric Joliot-Curie qui découvre que la fission de l’uranium projette des neutrons capables de briser d’autres noyaux et de donner lieu à une explosion encore plus grande. C’est le principe de la réaction en chaîne.
Avec toutes ses découvertes, l’Allemagne lance le projet Uranium. L’objectif ? Créer une arme atomique. Malgré tout, la possibilité de réussir à la créer est assez faible et malgré le potentiel destructeur de l’arme, les Américains ne donnent pas trop de crédit à la lettre d’Albert Einstein, mais un événement va tout changer.
Le projet Manhattan
Le lancement du projet
Si le gouvernement américain ne voulait pas se pencher sur la construction d’une arme atomique, plusieurs raisons le justifiaient. Tout d’abord, les recherches sur le nucléaire coûtaient extrêmement chères. Puis, les États-Unis n’étaient pas engagés par le conflit et ne souhaitaient pas l’être de manière active. Ce principe va être totalement oublié le 7 décembre 1941, lorsque les Japonais attaquent la base américaine de Pearl Harbor. À partir de cet événement, les États-Unis rentrent définitivement en guerre et s’intéressent alors à la potentielle bombe nucléaire, sans oublier la lettre envoyée par Albert Einstein.
Le président américain de l’époque, Franklin Roosevelt, demande au général Leslie Groves de créer une équipe dédiée à la recherche sur l’arme atomique. C’est de cette manière que naît le projet Manhattan, le plus gros projet militaire de l’Histoire. Des moyens financiers et matériels colossaux sont déployés : 100 000 individus vont être impliqués dans le secret le plus total afin d’éviter au maximum la fuite d’informations. Sans le savoir, certaines personnes vont même participer au projet Manhattan et ne le découvriront que suite à la déclassification des travaux, une fois la guerre terminée. Ainsi, le projet Manhattan démarre officiellement en septembre 1942 sur plusieurs sites à travers les États-Unis et au Canada. C’est sur le site de Chicago que le scientifique italien Enrico Fermi parvient à obtenir la première réaction en chaîne contrôlée. Pour recentrer toutes les recherches, un laboratoire militaire d’une envergure sans précédent va être créé en plein milieu du désert du Nouveau-Mexique.
La cité de Los Alamos
Après la réussite d’une réaction en chaîne contrôlée par Enrico Fermi, il faut désormais pouvoir assembler la bombe nucléaire. Un immense laboratoire va être créé en plein milieu du Nouveau-Mexique, à Los Alamos, sous la direction de Robert Oppenheimer. Cette nomination fait énormément débat face aux opinions politiques gauchistes du physicien. Après avoir supervisé la construction du Pentagone, Leslie Groves parvient à convaincre le gouvernement qu’Oppenheimer est l’homme de la situation, notamment grâce à son expertise scientifique et sa dévotion pour son pays.
Avec la lettre d’Albert Einstein, les plus grands physiciens américains s’étaient penchés sur la création d’une bombe atomique, et parmi eux se trouve Oppenheimer. Sentant l’arrivée proche de la guerre, ce dernier a très vite mis de ses côtés ses opinions politiques afin que celles-ci ne nuisent pas à son travail. Très vite, le général Groves le contacte pour prendre en charge le laboratoire de Los Alamos.
Similaire à une petite ville plutôt qu’un simple laboratoire, la base de Los Alamos offre la possibilité aux scientifiques d’amener leur famille, limitant ainsi leurs possibles sorties du camp et donc la fuite d’information. Par ailleurs, le recrutement de scientifiques fut assez complexe notamment à cause des maigres avancées sur le nucléaire à l’époque. Robert Oppenheimer fait également venir des philosophes et des peintres afin que Los Alamos ressemble le plus possible à une ville réelle. Ce site également connu sous le nom de Projet Y est top secret, à tel point qu’il ne figure sur aucune carte.
L’uranium : Le nerf de la guerre
Rapidement, les scientifiques du projet Manhattan sont confrontés à un problème : Rassembler assez d’uranium pour faire exploser une bombe nucléaire. Pour faire simple, dans la nature, tu peux trouver de l’uranium 235 et de l’uranium 238. Ces deux types d’uranium n’ont pas les mêmes capacités malgré le fait qu’ils soient tous les deux radioactifs et donc tous les deux instables. L’uranium recherché par les scientifiques de Los Alamos est l’uranium 235. En effet, il est le seul capable, lorsqu’il se casse, de libérer des neutrons pouvant provoquer une réaction en chaîne, l’effet recherché pour la bombe nucléaire. Oppenheimer cherche donc à récupérer 64 kilos d’uranium 235 pour créer sa bombe. Cependant, l’extraction de cet uranium s’avère plus compliquée que prévu. La raison ? Il est plus rare que l’uranium 238 et l’Allemagne, l’un des principaux fournisseurs d’uranium, a arrêté l’exportation au début de la Seconde Guerre mondiale afin de se concentrer sur ses recherches. Les scientifiques américains élaborent donc un plan B en imaginant une bombe au plutonium. Celle-ci a l’avantage de coûter moins chère et d’être bien plus simple à créer.
Trinity
En 1944, les scientifiques américains tentent de créer la plus grosse explosion en employant le moins d’énergie possible. C’est pour cela qu’une bombe à l’uranium et une au plutonium sont à l’étude afin d’être sûrs d’avoir des résultats. Les équipes d’Oppenheimer parviennent à créer assez de matières fissiles d’uranium pour créer une première bombe destinée à exploser dans le désert du Nouveau-Mexique : Trinity.
Une date est choisie : le 16 juillet 1945. Plus la date fatidique approche, plus Oppenheimer est tendu, il sait qu’il est sur le point de faire exploser une bombe capable de changer totalement la face du monde. Jusqu’à la veille de ce fameux 16 juillet 1945, les doutes existent à Los Alamos sur le réel potentiel de cette bombe nucléaire et pour cause, personne ne peut prédire ce qu’il va se passer lors de l’explosion de cette bombe test ; il y a même une possibilité que la bombe entraîne la fin de l’humanité en absorbant tout l’atmosphère terrestre. Même si la probabilité que cela arrive reste infime, elle existe toute de même. Pour se préparer à l’explosion, des mesures de sécurité strictes sont données aux scientifiques. Ils doivent se situer minimum à 10 kilomètres du point d’impact et être retranchés dans des bunkers.
Nous sommes désormais le matin du 16 juillet 1945, il est 5h29, Trinity explose. Il s’agit de la plus grosse détonation jamais observée dans toute l’Histoire de l’humanité. La force libérée par Trinity est équivalente à 21 kilotonnes de TNT et la secousse est ressentie à plus de 150 km du point d’impact. Une colonne de fumée et de flammes s’élève sur 8 kilomètres de hauteur et 600 m de large. Trinity laisse derrière elle un cratère de 400 mètres d’envergure. Le test est un succès qui dépasse toutes les espérances. La plus grosse arme de l’Histoire a été créée et nul ne sait jusqu’où elle pourra aller.
“Now I am become Death, the Destroyer of Worlds”
Robert Oppenheimer et l’ensemble des scientifiques de Los Alamos sont sous le choc face à l’explosion gigantesque de Trinity. Plus tard, Oppenheimer décrit sa réussite en sortant sa célèbre phrase « Now, I am become Death, the Destroyer of Worlds », que l’on pourrait traduire par « Maintenant, je suis devenu la Mort, le Destructeur des Mondes ». Cette citation est tirée des écritures hindoues et plus précisément de l’ouvrage Bhagavad Gita. Face à l’explosion de la bombe Trinity, un sentiment de bonheur envahit Oppenheimer. Ce qu’il a réalisé est un exploit scientifique sans précédent. Cependant, rapidement, le bonheur laisse place à l’effroi. Face à Trinity, la communauté scientifique est sous le choc et une question demeure : Faut-il se servir de la bombe atomique ? Deux camps vont se faire face : Ceux qui s’opposent à son utilisation, car ils estiment qu’elle est bien trop dangereuse et ils souhaitent faire machine arrière. De l’autre côté, on retrouve ceux qui soutiennent son utilisation, dont Robert Oppenheimer qui l’estime indispensable pour mettre fin au conflit. Cependant, ce débat s’avère assez futile puisque les scientifiques du projet Manhattan n’ont nullement leur mot à dire. Ces derniers ont été embauchés pour créer une bombe atomique et non pour juger de son utilisation. Le gouvernement américain est, lui, chargé de son destin compte bien l’utiliser.
L’Allemagne n’a, en réalité, jamais été une cible de réalité. En effet, lors du débarquement de 1944, des membres du projet Manhattan sont envoyés en Europe pour voir les avancées des Allemands en matière d’armes nucléaires. Rapidement, ils se rendent compte que les scientifiques d’Adolf Hitler n’ont fait aucune avancée nucléaire, du moins pas dans le domaine militaire. Par conséquent, ils ont tout simplement abandonné le projet. Cette trouvaille a eu lieu avant le lancement de Trinity, mais le projet Manhattan n’a pas été abandonné pour autant. Avec une bombe atomique entre les mains, le gouvernement américain n’avait plus qu’une cible : Le Japon. Il dresse alors une ligne de villes susceptibles de se faire bombarder selon trois critères : Être une ville, avoir un intérêt stratégique et avoir été épargné par les bombardements jusque-là. Deux villes sont retenues : Hiroshima et Nagasaki.
Cependant, malgré la réussite de la bombe Trinity, il existe tout de même des doutes quant à la réussite du déploiement de ces deux nouvelles bombes. En effet, Robert Oppenheimer prévient les pilotes sur le fait qu’il ne sait pas comment l’explosion va se dérouler et qu’il existe une probabilité non-négligeable qu’ils soient emportés par le souffle de celle-ci. Mais à ce moment-là, aucun retour en arrière n’est envisageable. Le 6 août 1945, Little Boy, une bombe à l’uranium explose à Hiroshima. Les Américains espèrent avoir une reddition du Japon, sans succès. Par conséquent, trois jours plus tard, le 9 août, Fat Man, une bombe au plutonium explose à Nagasaki. Les deux explosions font des centaines de milliers de morts.
Après avoir pris du recul sur les précédents événements, Robert Oppenheimer rencontre Harry Truman, le président américain, et lui explique que l’explosion sur Nagasaki n’était pas utile et que l’arme nucléaire ne devrait plus servir à l’avenir. Truman n’est pas de cet avis et décide de ne plus revoir le physicien. Cet événement marque le point de départ d’une lente chute aux enfers pour Oppenheimer.
L’après-guerre de Robert Oppenheimer
Que faire de l’arme nucléaire ?
Après la guerre, la menace atomique n’est pas retombée et continue de prendre de l’ampleur. Harry Truman transforme le projet Manhattan en une commission chargée d’encadrer le projet atomique. Robert Oppenheimer y siège et soutient que le nucléaire devrait servir dans le médical, l’énergie et l’industrie. De fait, il devient une figure du débat sur l’avenir du nucléaire. Il se retourne contre son invention qu’il qualifie d’œuvre du diable. Les autres membres de la commission ne sont pas de son avis et pensent, au contraire, qu’il est nécessaire de créer une bombe à hydrogène bien plus puissante, capable d’engendrer bien plus de dégâts. Robert Oppenheimer s’oppose fermement à cette idée, toujours traumatisé par les deux bombes atomiques. Cette décision va lui attirer les foudres du président Eisenhower et du sénateur Joseph McCarthy, ce dernier traquant ouvertement tous les communistes depuis le début de la Guerre Froide. À cause de ses affiliations passées, Oppenheimer se retrouve, très vite, au centre de la tourmente.
Le procès de Robert Oppenheimer
En 1953, le passé de Robert Oppenheimer ressurgit. Les nombreux soutiens qu’il a faits auprès des réformes sociales font penser au gouvernement américain qu’il s’agit d’espion soviétique, œuvrant pour le compte de l’URSS durant tout son passage à Los Alamos. Face à ses accusations, le scientifique est déchu de ses fonctions. Le contexte géopolitique de l’époque fait énormément de mal à Oppenheimer. En effet, alors l’URSS parvient à mettre sur pied sa bombe atomique, le monde bascule dans une nouvelle ère, celle de la terreur avec en ligne de fond, la menace nucléaire, à la fois du côté de l’URSS et des États-Unis. Les américains cherchent alors à savoir comment les Soviétiques ont réussi à se munir de l’arme nucléaire aussi rapidement. Selon eux, un espion a forcément infiltré Los Alamos et cela ne peut être que Oppenheimer. Après son renvoi de la commission, le scientifique se retire de la vie politique et part poursuivre ses travaux à l’abri des regards, en compagnie d’Albert Einstein, à l’université de Princeton.
Lire aussi : Portrait de Hans Albert Einstein
Les Américains n’avaient pas tort en évoquant la possible présence d’un espion au sein de Los Alamos. Et ce fut effectivement le cas : Klaus Fuchs. Cet agent infiltré de l’URSS a directement fait parvenir les plans de l’arme nucléaire à Staline qui n’a alors eu aucun mal à assembler sa propre bombe. Suite à cette révélation, une nouvelle enquête est réalisée autour du cas d’Oppenheimer. Celle-ci révèle que le scientifique a eu plusieurs manquements, notamment aux consignes de sécurité, mais salue sa loyauté, en plus du fait qu’il n’ait commis aucune trahison.
En signe de réhabilitation, le président Kennedy lui remet le prix Enrico Fermi. Il s’agit d’un prix donné à des scientifiques américains pour leurs travaux effectués dans le développement, la production et l’utilisation de l’énergie. La Légion d’honneur lui est également remise. Cependant, il faut attendre 2022 pour que le gouvernement américain annule officiellement et de manière rétroactive, sa décision de lui retirer toutes ses accréditations.
Une fois sa réhabilitation obtenue, Robert Oppenheimer tient de nombreuses conférences, même au Japon, où il fait part de son avis sur l’avenir du nucléaire. Il soutient un encadrement plus ferme et plus important de la bombe atomique. En vue de ses nombreuses conférences, une question reste en suspens : Regrette-t-il son invention ? Alors qu’il ne l’a jamais déclaré publiquement, beaucoup de ses interventions publiques laissent présager qu’il n’est pas satisfait de la manière dont la bombe nucléaire a été employée. Une chose est sûre : sans les travaux de Robert Oppenheimer sur la bombe atomique, le visage de la planète serait bien différent de celui que l’on connaît aujourd’hui. Oppenheimer finit par s’éteindre le 18 février 1967, à l’âge de 62 ans, des suites d’un cancer de la gorge issu notamment de son important tabagisme.
L’héritage de Robert Oppenheimer
Un contrôle de l’arme nucléaire
Si Robert Oppenheimer a réussi à créer une bombe atomique en contrôlant sa réaction en chaîne, il n’a, cependant pas réussi à contrôler la réaction en chaîne qui a découlé de sa bombe. En effet, l’arme nucléaire est au cœur des tensions lors de la Guerre Froide entre les URSS et les États-Unis. Le paroxysme de ces importantes tensions est atteint en 1962, lors de la crise des missiles de Cuba. Lorsque l’URSS pointe des missiles nucléaires vers les États-Unis depuis Cuba, le pays représentant une place de choix pour les Soviétiques, le monde était à deux doigts de plonger dans une guerre nucléaire. Si un conflit de ce type venait à se déclencher, il conduirait inexorablement à la fin de l’humanité.
En moins de 80 ans, neuf nations ont réussi à développer leur propre arsenal nucléaire parmi lesquelles on retrouve la France et la Corée du Nord. Tu l’auras compris, même si l’arme nucléaire n’a jamais été de nouveau utilisée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’équilibre du monde reste encore assez précaire. Pendant longtemps, de nombreux pays ont essayé de développer des armes nucléaires de plus en plus puissantes et désormais, neuf pays dotés de l’arme atomique sont capables de déclencher des frappes nucléaires pouvant anéantir toute vie sur Terre.
L’arme nucléaire soumis à un important protocole
Robert Oppenheimer a réussi à bouleverser l’équilibre des forces du monde. Les pays dotés de l’arme nucléaire ont, sans aucun doute, un avantage considérable sur les pays qui ne l’ont pas. Par conséquent, de nombreuses nations cherchent à se doter de l’arme nucléaire, mais grâce aux nombreuses prises de positions de Robert Oppenheimer durant lesquelles il a souligné à quel point l’arme nucléaire pouvait être dangereuse, son accès est désormais très encadré et soumit à un important protocole.
Tout d’abord, il faut justifier sa motivation que ce soit pour se défendre en cas de menace extérieure ou pour augmenter son prestige national. Ensuite, le pays qui veut se doter d’une telle arme doit faire part de ses évolutions dans le domaine et être prêt à participer aux négociations l’entourant. Un seul pays n’a pas passé ce protocole : La Corée du Nord. Selon le gouvernement nord-coréen, le pays serait doté de l’arme nucléaire, de nombreux essais montrent que cela serait bien le cas, mais personne ne peut affirmer que Kim Jong-un possède une arme nucléaire opérationnelle.
Un autre pays a fait débat au sujet de l’armement nucléaire : L’Allemagne. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays a été sévèrement encadré en matière de nucléaire, si bien qu’elle a dû signer le Traité de non-prolifération nucléaire qui interdit aux États qui ne possèdant pas l’arme nucléaire, de tenter d’en développer une. Cependant, depuis 70 ans, l’Allemagne s’est relevée des dommages de la Seconde Guerre mondiale et milite ardemment pour obtenir un arsenal nucléaire.
Une grande avancée sur le plan médical
Comme l’envie originelle d’Oppenheimer, l’arme nucléaire a permis de faire de grandes avancées dans le domaine du médical. De nombreux isotopes radioactifs sont utilisés pour permettre d’avoir de meilleures analyses et repérer plus efficacement les maux dont souffrent les patients. Le traitement des cancers peut être plus efficace et plus précis afin d’offrir la meilleure guérison possible via la radiothérapie. Celle-ci permet de soigner plus rapidement des cancers tout en limitant au minimum les impacts sur les tissus sains. Bien évidemment, tout usage d’élément radioactif a été fortement étudié et encadré afin que les patients souffrent du moins de séquelles possibles. Même si Robert Oppenheimer est principalement connu pour être le père de la bombe atomique, à juste titre, il a apporté de grandes avancées dans le monde médical.
Au final, Robert Oppenheimer a réussi à marquer le monde de son empreinte grâce à une intelligence hors de commun. Malgré un parcours compliqué, dans lequel plusieurs de ses collègues ont tenté de lui mettre des bâtons dans les roues, il a réussi à surmonter ces obstacles et à devenir le père de la bombe atomique. Aujourd’hui, son invention a donné lieu à la plus grande menace de l’Histoire. Même si le scientifique s’est éteint, il y a maintenant 50 ans, l’ombre de Robert Oppenheimer continue de planer sur le monde et ce, jusqu’à la fin de l’Humanité.
Si tu souhaites en apprendre davantage sur la vie de Robert Oppenheimer, nous ne pouvons que te conseiller de lire sa biographie nommée American Prometheus écrit par Kai Bird. Ce livre a servi de source pour le réalisateur Christopher Nolan lorsqu’il a commencé à travailler sur le film Oppenheimer, sorti il y a quelques semaines. Ce film retrace l’histoire du scientifique de génie, de ses premiers pas au camp de Los Alamos jusqu’à l’éreintant procès qui s’en est suivi pour déterminer s’il était, ou non, un espion soviétique. Avec un casting 5 étoiles composés de Cillian Murphy (Peaky Blinder), Robert Downey Jr (Iron Man) ou encore Florence Pugh (Don’t Worry Darling), le film a connu un succès fou dès ses premières semaines d’exploitation et est bien parti pour être considéré comme l’un des meilleurs projets de Christopher Nolan.
Lire aussi : La carrière d’Hedy Lamarr, du cinéma au wifi