Grace Hopper est l’une des pionnières de l’informatique. Amiral de la Navy, ses nombreux travaux sur les langages de programmation ont grandement contribué à faire avancer l’informatique qui n’en était qu’à ses balbutiements. Études Tech revient sur la carrière de « Amazing Grace ». De son entrée dans l’armée américaine jusqu’au développement du langage de programmation COBOL, voici ce que tu dois savoir sur sa carrière exemplaire.
Les premiers pas de Grace Hopper dans le monde des mathématiques
Grace Murray Hopper naît le 9 décembre 1906 à New York. Sa mère travaille dans les mathématiques et son père est courtier en assurance. Très vite, Grace se passionne pour les sciences, les mathématiques et la technologie. Pour se former, dès l’âge de sept ans, elle démonte un à un tous les réveils présents chez elle afin de parvenir à en remonter un de A à Z.
Elle finit par obtenir un doctorat en mathématiques à la prestigieuse université de Yale, puis elle les enseigne jusqu’en 1943. Après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais en 1941, elle se met en tête de rejoindre la Navy. Néanmoins, son âge déjà avancé (31 ans) et sa faible condition physique l’empêche d’intégrer l’armée. Elle finit, malgré tout, par avoir une dérogation et peut entrer dans la Marine américaine.
Son intégration dans la Navy
En 1943, elle est sollicitée par l’armée américaine pour rejoindre WAVES, une unité constituée uniquement de femmes, dans le cadre du programme « Bureau of Ordnance Computation Project ». Elle est affectée à Harvard pour aider à la réalisation du Mark I. Cette machine, produite par IBM, est un calculateur géant, un ancêtre très lointain de nos ordinateurs. Au début du siècle dernier, les calculateurs fonctionnaient avec un système de ruban perforé en fonction du calcul à réaliser. L’utilisateur devait alors rentrer l’opération dans les colonnes correspondantes et la machine réalisait le calcul. Avec cette méthode, il était facile de faire une erreur et de fausser de nombreux calculs. Ainsi, Grace Hopper avait pour mission de concevoir les cartes perforées afin de l’intégrer dans le lecteur du Mark I. Il s’agissait d’un véritable travail de fourmi dans lequel elle a joué un rôle important pour corriger tous les problèmes rencontrés dans le processus de création. C’est à partir de ses travaux sur le Mark I qu’elle va créer le coding et poser les bases de sa carrière dans le monde de l’informatique et de la programmation.
Malgré son aide précieuse apportée durant la Seconde Guerre mondiale, elle est contrainte, après le conflit, de quitter la Navy à cause de son âge. Elle doit également faire ses adieux à Harvard puisqu’aucun poste de professeure n’était offert aux femmes.
Lire aussi : Tout savoir sur le prix Turing, le prix Nobel de l’informatique
L’après-guerre de Grace Hopper
La démocratisation des langages de programmation par Grace Hopper
Après la guerre, elle rejoint Eckert-Machly Computer Corporation, une startup qui souhaite commercialiser l’ordinateur. Grace Hopper propose l’idée d’un langage de programmation qui serait indépendant des machines et proche de l’anglais afin que tout le monde puisse développer des programmes. Ce premier langage de programmation va être développé à l’abri des regards. En effet, les supérieurs de Grace Hopper ne croyaient pas en l’aboutissement de son projet. C’est de cette manière que va naître le A-0 System à destination de l’UNIVAC I. Il s’agit du premier compilateur à destination des ordinateurs. Il permettait aux programmeurs de rentrer des instructions dans un langage de haut niveau que A-0 allait convertir dans un langage compréhensible pour la machine. Cela permettait de réduire grandement les erreurs liées à la programmation manuelle du langage machine. Ce compilateur va rencontrer un franc succès et il sera suivi par les systèmes ARITH-MATIC, MATH-MATIC et FLOW-MATIC. La création de Grace Hopper est une véritable révolution qui va grandement faire avancer l’informatique et ouvrir le champ des possibles des langages de programmation afin de le démocratiser pour tous.
La création de Cobol
Après la création de l’A-0 System, Grace Hopper se dit que les utilisateurs de l’ordinateur ne seraient pas systémiquement des mathématiciens. Elle améliore son langage pour que des instructions plus familières comme « Affiche » ou « Soustrait » soient comprises et retranscrites en binaire pour l’ordinateur.
Grace Hopper rejoint alors un organisme américain, le CODASYL, en 1959. Il réunissait les plus grands professionnels de l’informatique. À cette époque, ils n’étaient pas si nombreux étant donné qu’il s’agissait d’un secteur qui prenait tout juste de l’ampleur. Ensemble, ils établissent les bases du Common Business-Oriented Language surnommé le COBOL. Il s’agit du premier langage de programmation à destination des entreprises. Il va s’imposer comme une véritable révolution dans le domaine grâce à la manière dont il facilite le traitement des données liées aux transactions comme les fiches de paie ou les factures. Grace Hopper a joué un rôle clé dans le développement de COBOL. C’est elle qui crée la notion de « mots réservés ». Ils jouent un rôle spécifique dans le code et permettent de définir la structure de contrôle du langage.
Grace Hopper popularise le terme bug, employé par tous aujourd’hui. À l’époque, il était beaucoup utilisé dans le domaine de l’électronique, mais l’informatique va se l’approprier. En effet, lors de la réparation d’un ordinateur, Grace Hopper tombe sur une mite. Elle est face au premier cas de bug, ce terme étant la traduction littérale du mot insecte en anglais.
Lire aussi : En quoi consiste le métier de codeur ?
Les distinctions reçues par Grace Hopper
Tout au long de sa carrière, Grace Hopper a reçu de nombreuses distinctions. En 1969, elle reçoit le prix du Man of the Year en informatique. Cette récompense fait totalement sens en vue de sa carrière. En effet, tout au long de sa vie, elle a défendu le fait que les hommes et les femmes possédaient les mêmes connaissances. Souvent, elle a été rabaissée par ses supérieurs voire ses homologues masculins car ils ne pensaient pas qu’elle pourrait accomplir les tâches qui lui étaient confiées. Mais à chaque fois, elle dépassait les attentes et a pu devenir une véritable pionnière du monde de l’informatique au fur et à mesure de ses avancées.
En 1983, elle devient Amiral de la Navy, c’est la première femme à atteindre un grade si élevé au sein de la Marine américaine. Cela récompense parfaitement tous ses accomplissements qui ont eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale.
En 1984, celle qui était surnommée « Amazing Grace » obtient la Defense Distinguished Service Medal, la plus haute récompense pour un non-combattant américain. En 1991, un an avant sa mort, elle reçoit la National Medal of Technology pour ses travaux dans le secteur de la programmation. Elle s’éteint dans le comté d’Arlington, le 1er janvier 1992 à l’âge de 95 ans.
Tu l’auras compris, Grace Hopper a eu une vie qui a marqué de manière considérable le monde de la programmation. Elle s’inscrit au panthéon des plus grands mathématiciens et informaticiens de l’Histoire.
Lire aussi : L’histoire d’Ada Lovelace, la première programmeuse au monde