Grosse révolution de ces dernières années, l’intelligence artificielle (IA) constitue un gouffre financier considérable pour les développeurs. Mais comment expliquer de telles dépenses ? Études Tech revient sur les coûts liés à l’IA et sur les pistes d’avenir concernant cette nouvelle technologie.
Si les intelligences artificielles sont un gain de temps pour tous les utilisateurs, c’est, en réalité, un véritable gouffre financier pour tous les développeurs. Une étude menée par le cabinet SemiAnalysis a dévoilé que ChatGPT coûte 700 000 dollars par jour à OpenAI uniquement en frais de fonctionnement. Comment expliquer une telle somme ?
Des coûts d’inférence astronomiques
Une très grosse partie des pertes engendrées par ChatGPT et plus globalement par toutes les IA génératrices résident dans les coûts d’inférence. Il s’agit de tous les moyens utilisés pour que ces outils fonctionnent correctement. Afin de pouvoir faire tourner en permanence des IA capables de fournir des réponses optimales en un temps très réduit, il faut une puissance informatique considérable et ce, dès les phases de test. En effet, celles-ci durent des mois avec des supercalculateurs actifs en permanence. Pour cela, il faut des cartes graphiques très performantes, les meilleures du marché. Le coût de seulement une seule de ces cartes graphiques est estimé à 30 000 dollars.
Ensuite, il y a un coût lié à la génération de texte, de voix et d’images. Deux facteurs entrent en scène ici. Si, pour obtenir un résultat qui correspond à tes attentes sur ChatGPT ou Google Bard, il est préférable d’avoir un prompt précis et détaillé qui contient beaucoup de mots. Sache que plus ta requête est longue, plus elle reviendra chère aux entreprises derrière ces IA génératrices. Deuxième point, les coûts augmentent avec la popularité de l’outil. Plus une intelligence artificielle est connue, plus elle aura de requêtes, de fait plus les prix liés à la génération de réponses seront élevés.
Un modèle économique limité
Les pertes estimées de ChatGPT l’an passé sont estimées à 540 millions de dollars. L’application est gratuite, une aubaine pour tous les utilisateurs, mais clairement un problème pour OpenAI. C’est pour cela que l’entreprise propose des abonnements à 20 dollars par mois. Cependant, peu de personnes y souscrivent et les rentrées d’argent ne parviennent pas à compenser les pertes. Pour cela, OpenAI multiplie les avancées pour mettre en avant sa formule payante. Avec ChatGPT Plus, tu auras accès à ChatGPT 4.0, une version plus performante et plus poussée de la version 3.5, des fonctionnalités comme le traitement d’image et l’interprétation grâce à Vision, la toute nouvelle fonctionnalité de l’IA ou encore des résultats de recherche plus précis.
Mais même avec cette mise en avant, OpenAI ne parvient pas à convaincre beaucoup de ses utilisateurs de passer à l’option payante alors que le nombre de requêtes continue de s’intensifier.
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Quel avenir pour les IA généralistes ?
Au vu de ces problèmes, les petits et les grands développeurs d’IA travaillent sur des solutions afin de perdre moins d’argent. Deux options sont aujourd’hui sérieusement possibles lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir des intelligences artificielles généralistes.
La fin des IA généralistes
Bien que très radicale, cette possibilité est certainement l’une des plus probables. Reprenons le cas de ChatGPT. Aujourd’hui, l’IA est capable de faire beaucoup de choses. Si cela permet de démocratiser la marque OpenAI, cela entraîne des coûts encore plus importants. Par conséquent, les IA capables de faire plusieurs fonctions comme de la génération de texte, de voix et d’images pourraient disparaître. Cependant, leurs développeurs ne mettraient pas la clé sous la porte. En effet, ils se tourneraient vers des IA dédiées uniquement à une tâche spécifique via des applications qui pourraient fonctionner en local. Ainsi, les coûts liés à l’utilisation du cloud seraient moindres.
Un monopole pour les géants du Web
À terme, seules les très grosses entreprises comme Google, Microsoft ou Amazon pourraient s’occuper des IA généralistes. En effet, ce sont les seules capables d’absorber les millions de dollars de pertes liés à leur utilisation. Néanmoins, même ces grands groupes ne pourraient pas se tourner vers le 100% IA. En cause, le coût de la recherche. Lorsqu’elle est effectuée via une intelligence artificielle, elle coûte six fois plus chères qu’une recherche Google standard. En effet, l’IA apporte une réponse précise et détaillée à chaque utilisateur tandis que les moteurs de recherche écument le web et apportent des réponses généralistes.
Si Google passait en full IA, les coûts liés à ces nouvelles recherches sont estimées à plus de 100 milliards de dollars. L’entreprise travaille sur une solution afin de limiter les pertes. Depuis quelque temps, une puce dédiée à l’intelligence artificielle est en projet afin de pouvoir résoudre a minima ce problème. On estime que si celle-ci venait à voir le jour, le passage au total IA pour Google reviendrait à 3 milliards de dollars. Une somme toujours trop élevée, mais bien moins importante que les 100 milliards d’aujourd’hui.
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